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Faire l’espace public avec les habitants, pour ne plus devoir faire avec un espace public « préfabriqué »

Au-delà des tribunes d’expression citoyennes, certaines initiatives ambitionnent de redonner aux habitant·es des quartiers un vrai pouvoir d’agir, concrètement, pour orienter les décisions publiques par l’expertise de leur vécu quotidien. Engagée sur ce sujet au sein du quartier du Sanitas à Tours,  l’association de création artistique Pih-Poh s’est emparée d’une question centrale, celle de la construction de l’espace public, pour la soumettre aux habitant·es dans le cadre d’un séminaire dédié. Les Porte-Voix en étaient, ils jouent les rapporteurs pour la Part citoyenne !

Cela s’est passé sur 5 demi-journées, du 2 au 4 mai 2022, dans le cadre d’Expérience Sanitas Solidaire. L’idée de Pih-Poh ? Mettre en co-présence habitant·es du quartier, chercheur·ses, membres d’associations, militant·es… pour générer une émulation profitable à la construction d’un espace public harmonieux et adapté aux réalités de celles et ceux qui l’investissent ou le traversent. Les habitant·es sont ainsi mobilisé·es, non comme de simples témoins d’une consultation « de façade », mais en tant qu’expert.e.s d’usage des quartiers populaires, le parti-pris étant celui de la complémentarité des savoirs, avec les chercheur·ses et les expert·es. Résolument ambitieuse en termes de démocratie participative, cette démarche a déjà été expérimentée localement, avec un certain succès, par le mouvement ATD-Quart-Monde et les Universités populaires.  

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Un séminaire à formats multiples

C’est à la Maison des Sciences de l’Homme, dans le quartier universitaire des 2 lions, que le séminaire de Pih-Poh a commencé. Au programme de cette 1ère journée plutôt studieuse : restitution de travaux de recherche menés autour de la thématique de la co-construction dans l’espace public. Avec, entre autres chercheurs, Julie Garnier et Nicolas Oppenchaim, il fut question de la place de la femme et des jeunes dans l’espace public des quartiers populaires, de l’entre soi, de la capacité à développer son pouvoir d’agir ou encore, de la quête de soi des adolescents via leur mobilité. Côté habitant·es, le café des femmes  Plurielles et le secteur jeune de Pluriel(le)s ont apporté leur éclairage. Autant de sujets à mettre en perspective avec les nombreux témoignages d’acteurs engagés sur les quartiers populaires. Un public hétéroclite, mêlant élus de la Ville de Tours ou de la Région, agents de la Préfecture, étudiants réalisant des mémoires de recherche et militants pour l’  « empuissancement » des voix des quartiers, étaient réunis pour cet échange de matière grise.

Pour la 2e journée, retour au terrain, et à l’air libre ! La matinée, Florence Troin a pris les choses en main en organisant plusieurs ateliers de cartographie collaborative et de balades sensibles à yeux clos. Les passants étaient interpellés pour verbaliser leur passé et leur futur. Ces stands-ateliers avaient été installés près du marché de la place St-Paul afin de profiter de l’effervescence qui s’empare du Sanitas chaque vendredi matin. Radio Campus avait également déployé son antenne pour une émission spéciale sur le thème du jour, à réécouter en podcast 👉 ici.

L’après-midi, rendez-vous était donné au Planitas, le jardin partagé du quartier, où paysagiste et habitants ont créé un lieu de vie et de nature au cœur du quartier. Au dessin et à la binette du Planitas ? Aurélie Thomas et les Incroyables comestibles du Sanitas et la paysagiste Méryl Septier Un cadre idéal pour délier les langues et faire parler les personnes impliquées dans ce projet et débattre de l’implication citoyenne.

Pour clore le séminaire, les organisateurs souhaitaient tendre une main à la jeunesse avec un ciné-goûter dessiné. Enfants et parents furent donc invités au centre social Pluriel(le)s par Ciné Passerelle pour assister à la projection du dessin animé Jacob et le chien qui parle : l’histoire d’un petit garçon qui souhaite modifier les plans d’aménagement d’un grand promoteur immobilier. Au cours de l’atelier dessin organisé dans le prolongement, les enfants ont pu exprimer leur vision et interagir avec le propos du film.

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Remettre l’habitant au cœur du débat public : une démarche volontariste, une attention de chaque instant

Comment parler de co-construction sans rendre justice à la place centrale qu’occupent les habitants dans cette démarche ?

Ainsi, au cours de la 1ère journée, nous avons pu constater combien la recherche scientifique sait faire son miel de témoignages d’habitants du monde entier. De même, l’intervention du centre social Pluriel(le)s portait sur les actions menées avec les habitants : réhabilitation du city stade, projet Première Ligne, action Sanitas du futur, qui a impliqué les habitants et le tissu associatif du quartier dès la phase de réponse à l’appel d’offres. Nous avons en outre été sensibles au témoignage de l’association APPUII. En effet, quand des décisions sont contestées par les habitants, APPUII propose une contre-expertise aux diagnostics préalables à ces décisions. Avec des experts de l’aménagement (urbanistes, architectes, ingénieurs, paysagistes), APPUII vient en aide aux résidents des quartiers populaires et leur donne les outils pour qu’ils puissent reprendre la main sur l’évolution de leurs espaces de vie.

Finalement, tout converge vers un même principe : au-delà de faire « pour », faire « avec » les habitants, avec l’aide de structures facilitatrices.

La 2e journée du séminaire fut d’autant plus exemplaire en termes de co-construction, qu’il s’agissait d’aller directement au contact des habitants dans le quartier. Ainsi, les cartographies sensibles ne furent que l’émanation des contributions des habitants. Pour les encourager, susciter la curiosité et ouvrir le débat sur l’implication des habitants dans le quartier du Sanitas, le stand-atelier avait été décoré de banderoles, photos et citations. La mobilité fut ainsi questionnée à différentes échelles : au sein du quartier, de la ville mais aussi du monde. Les habitants furent invités à s’interroger sur leurs origines, leurs futures destinations, leurs lieux de vie, etc. Le matériau-témoignage recueilli fut ensuite reporté sur une carte créée en collaboration.

En fin d’après-midi, l’atelier dessin programmé après la projection du film Jacob et le chien qui parle a, lui aussi, été l’occasion d’une belle démonstration de « co-constuction », chaque enfant étant encouragé à imaginer son lieu de vie s’il avait le pouvoir de le modifier selon ses désirs. Une façon de s’éveiller à l’implication citoyenne et à ce qu’elle permet, dès le plus jeune âge.

En 2 jours, le séminaire pour la « Co-construction de l’espace public » a parfaitement rempli la mission que l’association Pih-Poh lui avait assignée : permettre aux habitants du quartier de prendre conscience que la participation à l’action publique est à portée de mains, de crayon, et de parole.

Et cette tentative de « croisement des savoirs » s’est avérée particulièrement féconde… 

La preuve par ces quelques témoignages de participants que nous avons pu glaner, au bout de notre smartphone !

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